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APPENDICE

Vous dire que mon cœur ne sera pas affreusement torturé quand on m’arrachera les insignes de l’honneur que j’ai acquis à la sueur de mon front, ce serait mentir.

J’aurais certes mille fois préféré la mort.

Mais vous m’avez indiqué mon devoir, cher Maître, et je ne puis m’y soustraire, quelles que soient les tortures qui m’attendent. Vous m’avez inculqué l’espoir, vous m’avez pénétré de ce sentiment qu’un innocent ne peut rester éternellement condamné, vous m’avez donné la foi.

Merci encore, cher Maître, de tout ce que vous avez fait pour un innocent.

Demain, je serai transféré à la Santé.

Mon bonheur serait grand si vous pouviez m’y apporter la consolation de votre parole chaude et éloquente et ranimer mon cœur brisé.

Je compte toujours sur vous, sur toute ma famille pour déchiffrer cet épouvantable mystère.

Partout où j’irai, votre souvenir me suivra, ce sera l’étoile d’où j’attendrai mon bonheur, c’est-à-dire ma réhabilitation pleine et entière.

Agréez, cher Maitre, l’expression de ma respectueuse sympathie.

A. Dreyfus.

J’apprends à l’instant que la dégradation n’aura lieu que samedi. Je vous envoie quand même cette lettre.

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