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APPENDICE

porte aucune trace d’une émotion qui eût été cependant bien explicable — ou quand il affirmait que son crime était connu du Président de la République et des ministres — alors que M. Casimir-Perier, le général Saussier ne furent informés de son arrestation que longtemps après.

Mais le capitaine Lebrun-Renault n’a jamais rien dit de tel ; j’en ai pour témoin le commandant Forzinetti, dont le général Saussier pourra vous dire la loyauté et qui a recueilli du capitaine Lebrun-Renault lui-même un démenti catégorique de votre allégation.

J’en ai pour témoin M. Clisson, qui a écrit le jour même dans le Figaro le récit véridique de l’entretien du capitaine Lebrun-Renault avec mon mari. J’en ai pour témoins d’autres personnes encore qui auront, elles aussi, le courage de parler, d’affirmer la vérité, qui répèteront demain devant la justice, sous la foi du serment, les démentis que le capitaine Lebrun-Renault a constamment opposés à cette calomnie. Sous la foi du serment, devant la justice, le capitaine Lebrun-Renault confirmera lui aussi la vérité.

Vous pouvez demander à M. Lebon, ministre des Colonies, de vous montrer les lettres dont il ne m’envoie plus que des copies, me privant ainsi de la vue même de cette chère écriture.

Lisez ces lettres, monsieur, vous n’y trouverez, dans l’affreuse agonie de ce supplice immérité, qu’un long cri de protestation, qu’une longue affirmation d’innocence, l’invincible amour de la France.

Vivant ou mort, mon infortuné mari, je vous le jure, sera réhabilité. Toutes les calomnies seront dissipées, toute la vérité sera connue. Ni moi, ni