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APPENDICE

meilleure foi du monde devant des personnes qu’il ne soupçonnait pas devoir la rapporter.

« Nous ne croyons pas d’ailleurs que les règlements interdisent à un militaire d’avoir des conversations de ce genre avec sa famille ou ses amis. »

Ce n’est que dans la Cocarde du 8 janvier que parut, sous la signature de M. Castelin junior, le propos que vous avez reproduit, mais que le journal attribuait à un autre officier que le capitaine Lebrun-Renault.

Aussi bien, l’invraisemblable du récit que vous avez produit à la tribune de la Chambre ne ressort-elle pas avec une souveraine évidence d’une pièce, incontestable celle-là, qui figure au dossier de mon mari et que vous ne pouvez ignorer, dont vous avez dû prendre connaissance pendant votre passage au ministère de la guerre.

Le jour même du rejet de son pourvoi, alors que tout espoir était perdu pour lui, à la veille d’un supplice atroce entre tous, mon mari reçut dans sa prison la visite du commandant du Paty de Clam, que vous connaissez bien, Monsieur le Député, qui avait dirigé l’enquête préliminaire à l’arrestation et qui venait au nom du Ministre de la guerre demander au capitaine Dreyfus s’il voulait reconnaître sa culpabilité.

— Mon mari répondit : « Je suis innocent, je n’ai rien à avouer. »

— N’auriez-vous pas commis une imprudence ? dit M. du Paty. N’auriez-vous pas voulu amorcer un agent étranger ?

— Je ne connais aucun agent. Je n’ai jamais eu de telles relations, répliqua le capitaine Dreyfus ; je