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LETTRES D’UN INNOCENT
Le 5 mars 1898.
Chère Lucie,

Je viens de recevoir tes chères lettres de janvier, toujours aussi admirables de cœur, de sentiment et d’élévation. Je n’ajouterai plus rien aux longues lettres que je t’écris depuis trois mois ; les dernières sont peut-être nerveuses, débordantes d’impatience, de douleurs et de souffrances ; mais tout cela est trop épouvantable et il y avait des responsabilités à établir.

Je ne veux donc pas me rééditer indéfiniment. Conformément à l’exposé d’une situation aussi tragique qu’imméritée, supportée depuis trop longtemps par tant de victimes innocentes, je demande et redemande ma réhabilitation au gouvernement. Et j’attends depuis, chaque jour, d’apprendre que le jour de la justice a enfin lui pour nous.

Je t’embrasse comme je t’aime, de toute la puissance de mon affection, ainsi que nos chers enfants.

Ton dévoué,

Alfred.

Mille et mille baisers à tes chers parents, à tous les nôtres.


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