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LETTRES D’UN INNOCENT

Je t’embrasse comme je t’aime, ainsi que nos chers et adorés enfants, tes chers parents, tous les nôtres.

Ton dévoué,

Alfred.
————
Le 22 juillet 1897.
Ma chère Lucie,

Quelques lignes seulement en attendant tes chères lettres.

Je souffre trop pour toi, pour nos enfants, pour tous, je sais trop bien quelles sont tes tortures, pour que je puisse te parler de moi.

Pauvre amie, méritais-tu de supporter aussi un pareil martyre ! Mon cœur se brise, mon cerveau se rompt devant tant de douleurs accumulées sur tous, si longues, si imméritées.

J’ai fait encore de chaleureux appels pour toi, pour nos enfants. Je suis sûr que le concours qui te sera donné sera plus ardent, plus actif que jamais. Dans mes longues nuits de douleur, où ma pensée se reporte constamment sur toi, sur nos enfants, je joins souvent les mains dans une prière muette où je mets toute mon âme, pour que ce supplice effroyable de tant de victimes innocentes ait bientôt un terme.

Quoiqu’il en soit, chère Lucie, je veux te répéter toujours, tant que j’aurai encore un souffle de vie, courage et courage !

Nos enfants, ton devoir, sont pour toi des soutiens que rien ne doit ébranler, qu’aucune douleur humaine ne saurait amoindrir.

Et je veux terminer en imprégnant, tant que je le