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LE CAPITAINE DREYFUS

aussi toi-même avec l’âme héroïque d’une femme, que tu demandes la vérité partout, justice enfin pour d’épouvantables victimes, que chaque jour est une journée employée ainsi, jusqu’à ce que la lumière soit faite, jusqu’à ce que l’honneur nous soit rendu.

Je pense donc apprendre bientôt que cet épouvantable martyre a enfin un terme. Je n’ai pas besoin de te rappeler de demander à m’envoyer une dépêche quand tu auras une nouvelle heureuse à m’annoncer. Les journées sont longues, les heures lourdes, quand on souffre ainsi et depuis si longtemps.

Je t’embrasse de toutes mes forces, ainsi que les enfants.

Ton dévoué,

Alfred.

Baisers à tous.

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Le 20 novembre 1895.
Ma chère Lucie,

J’ai reçu le 11 tes chères et bonnes lettres du mois de septembre, ainsi que toutes celles de la famille. Je n’ai pas besoin de te dire la joie intense que j’ai éprouvée à te lire.

Merci de ton bon souvenir pour le jour de ma fête. Je ne veux pas insister, car il ne s’agit plus de se laisser aller à des souvenirs attendrissants ; il nous faut maintenant, comme tu le dis si bien, la réalité, la vérité.

Quand on souffre d’une manière si atroce et depuis si longtemps, les énergies, les activités surtout doivent grandir avec les souffrances que l’on endure.