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22 CONTES ALBANAIS

après quoi, croyant avoir tué le derviche, il alla se recoucher.

Le jour n’avait pas encore paru, quand il sortit pour aller chercher du bois, et, au retour, il aperçut le derviche qui venait à sa rencontre. Cette vue lui fit ouvrir de grands yeux, il demeura stupéfait. Lui ayant demandé comment il avait dormi : Fort bien, répondit l’autre, si ce n’est que vers le milieu de la nuit une ou deux puces m’ont mordu. L’étonnement de l’ours ne fut pas mince, d’ouïr que des coups de hache lui eussent fait l’effet d’autant de puces.

Alors il n’y tint plus, il avoua au derviche ce qu’il lui avait fait pendant la nuit, et finit par le prier de le rendre aussi fort que lui. — Rien de plus aisé, fît le derviche, et même pour cela je n’ai besoin que d’une outre de lait. L’ours se dépêcha d’aller vers le troupeau du berger, qui fut grandement affligé, en voyant qu’il était encore de ce monde. Il revint trouver le derviche avec l’outre pleine, et, selon ce que celui-ci ordonna, il alluma du feu et mit dessus un chaudron, où il versa le lait. Quand le lait bouillit à gros bouillons, le derviche lui dit de mettre la tête dedans, c’était là le moyen de devenir fort.