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LES SŒURS JALOUSES 1 1

une vieille à sa sœur, et la vieille lui parla ainsi : Ton frère, ô ma fille, ne t’aime guère, car il est toute la journée au café et se donne du bon temps, tandis qu’il te laisse seule ici. S’il t’aime vraiment, dis-lui de t’apporter de chez la Belle de la terre une fleur, afin que tu aies quelque chose, toi aussi, pour te distraire. Le soir, le jeune homme, en revenant au logis, voit sa sœur tout affligée. Il lui demande la cause de ce chagrin. Comment n’en aurais-je pas ? fit-elle ; tu me laisses seule, enfermée, et toi, tu te promènes à ta guise. Si tu m’aimes, va chez la belle de la terre prendre une fleur, afin que moi aussi, je m’amuse. Console-toi, réplique-t-il, et aussitôt il commande à la bride. Un cheval, quelque chose d’énorme paraît ; il l’enfourche et part. Comme il cheminait, une lamie se présente devant lui. En l’apercevant, elle lui dit : J’aurais bien envie de te manger, mais tu me fais pitié, et je te laisse la vie. Le jeune homme alors s’enquit d’elle, par où il pourrait aller chez la Belle de la terre. Je n’en sais rien, mon fils, répondit la lamie, mais va le demander à ma seconde sœur. Voilà le jeune