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LES PROPOS DU CHIRURGIEN

J’ai été élevé à l’école théologique qui fait de l’homme une argile méprisable et mortelle, et cependant, me voici, après trente années de connaissance intime de l’humanité, rempli de respect pour elle.

Le mal se trouve communément à la surface.

Les couches inférieures sont bonnes.

Une centaine de fois j’ai vu des gens condamnés à mort aussi soudainement que le pauvre Walker.

Quelquefois, c’était à la cécité ou à des mutilations qui sont pires que la mort. Hommes et femmes ont presque tous bien accepté la chose, et quelques-uns avec un si charmant désintéressement, avec une préoccupation si complète de la façon dont leur destinée affecterait les autres, que l’homme de la rue, la femme habillée du costume le plus frivole, se sont changées en anges à mes yeux.

J’ai vu au lit de mort tous les âges, toutes les croyances ou l’absence de croyance.

Je n’ai jamais vu un seul homme trembler sauf un, un pauvre jeune homme à l’imagination exaltée, qui avait passé une vie sans reproche dans la plus stricte des sectes.

Certes, un corps épuisé est incapable de crainte, de même que celui qui est en proie au mal de mer et à qui l’on dit que le navire va couler.

C’est pourquoi j’estime le courage, en face de la mutilation, au-dessus du courage, lorsqu’une maladie qui épuise se termine par la mort.