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nature argileuse du sol, avait conservé aux empreintes faites toute leur netteté. Là où vous n’avez vu qu’un passage boueux et piétiné en tous sens, mon œil exercé relevait dans chaque trace une indication précieuse. Il n’y a pas de branche dans la science du policier plus importante et plus négligée en même temps que celle qui a trait aux empreintes laissées sur le sol. Heureusement pour moi, j’y ai toujours attaché une importance capitale et une longue pratique me l’a rendue tout à fait familière. Je distinguai ainsi les pas des agents de police, mais je découvris également les marques laissées par deux hommes qui, les premiers, avaient traversé le jardin. Il était bien facile de les reconnaître, car par endroits elles avaient été complètement effacées par les pas de ceux qui étaient venus après eux. Je tenais ainsi le second anneau de la chaîne et je savais maintenant que les visiteurs de la nuit étaient au nombre de deux, l’un d’une taille élevée (la longueur de son pas le prouvait), l’autre élégamment vêtu comme je pouvais en juger par l’étroitesse et l’élégance de ses bottines.

« En entrant dans la maison, ma dernière supposition se trouva confirmée. L’homme aux chaussures élégantes était étendu devant moi. C’était donc le plus grand qui avait dû l’assassiner, si tant est qu’il y eût assassinat. Le cadavre ne portait en effet aucune trace de blessure et, cependant, l’expression