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« Il s’affaissa comme un lâche en poussant des cris et des supplications. Mais, sortant mon couteau, je le lui mis sous la gorge jusqu’à ce qu’il se fût exécuté. Alors j’avalai la pilule qu’il avait laissée et nous restâmes à nous regarder l’un l’autre une minute environ. Lequel allait continuer à vivre, lequel allait mourir ? Jamais je ne pourrai oublier l’expression de son regard au moment où les premières souffrances l’avertirent que le poison allait accomplir son œuvre. Je me mis à rire et lui présentai alors l’anneau de mariage de Lucy. Mais l’action du poison était presque foudroyante. Un spasme convulsa ses traits, il jeta les mains en avant, chancela un instant, puis s’abattit avec un cri rauque. Je le retournai alors avec mon pied et, mettant ma main sur son cœur, je vis qu’il avait cessé de battre ; il était bien mort.

« Jusque-là je n’avais fait aucune attention à mon saignement de nez. Je ne sais comment il me vint à l’esprit de me servir de mon sang pour tracer une inscription sur le mur. Peut-être me parut-il plaisant de lancer la police sur une fausse piste ; je me sentais à ce moment-là si joyeux et si gai ! Je me rappelais, en effet, qu’on avait trouvé dans New-York un Allemand assassiné avec le mot Rache épinglé sur son cadavre, et les journaux avaient longuement disserté à ce sujet pour expliquer que ce crime ne pouvait être imputé qu’aux sociétés secrètes. Je