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frémir et trembler comme celles d’un mince bâtiment qu’ébranlerait à l’intérieur une puissante machine. Dans le silence de la salle je pouvais percevoir un sourd bourdonnement qui provenait également de la même cause.

« Comment ? m’écriai-je, mais vous avez un anévrisme de l’aorte !

— C’est bien ce qu’on m’a dit, répliqua-t-il sans s’émouvoir. La semaine dernière encore je suis allé consulter un médecin à ce sujet et il paraît que la rupture a des chances de se produire d’ici à peu de jours. Il y a tant d’années que cela progresse ! Ce sont les fatigues et les privations que j’ai endurées dans les montagnes du Lac Salé qui m’ont donné cela. Mais maintenant que j’ai accompli mon œuvre, je suis prêt à mourir. Seulement je voudrais auparavant raconter toute mon histoire, pour ne pas laisser après moi le souvenir d’un assassin. »

L’inspecteur et les deux agents de police se consultèrent rapidement entre eux pour savoir s’il y avait lieu d’accorder au prisonnier sa demande.

« Pensez-vous, docteur, que cet homme coure un danger immédiat ? demanda le premier.

— Certainement, répondis-je.

— Dans ce cas et dans l’intérêt même de la justice, notre devoir est évidemment d’écouter sa déposition, dit l’inspecteur. Vous êtes donc libre, monsieur, de nous raconter votre affaire, mais je vous le