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s’y aventurer. Cependant, en dépit des dangers et des obstacles, les fugitifs se sentaient le cœur plus léger, puisque chaque pas augmentait la distance qui les séparait du pouvoir terrible et despotique devant lequel ils fuyaient. Mais ils étaient toujours sous la juridiction des Saints et ils ne tardèrent pas à en avoir la preuve. Ils venaient d’atteindre la partie la plus sauvage et la plus désolée du défilé lorsque Lucy poussa un cri d’effroi, en montrant du doigt le sommet de la montagne. Sur un rocher qui dominait le chemin se détachait nettement la silhouette d’une sentinelle avancée. Celle-ci les aperçut au même instant et un « Qui vive ? » tout militaire fit résonner les échos silencieux du ravin.

« Voyageurs allant à Nevada », répondit Jefferson Hope en mettant la main sur la carabine qui pendait à sa selle.

L’homme arma son fusil et les examina comme si cette réponse n’était pas suffisante.

« Avec quelle autorisation ? demanda-t-il.

— Avec celle des Quatre Saints », répondit Ferrier.

Son expérience des Mormons lui avait appris que c’était la plus haute autorité qu’il pût invoquer.

« Neuf à sept, cria la sentinelle.

— Sept à cinq, riposta aussitôt Jefferson Hope, se rappelant le mot de passe qu’il avait entendu dans le jardin.