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étant la terre promise dont le sol vierge allait devenir leur pour toujours.

Young prouva bientôt qu’il était aussi habile administrateur que chef résolu. Cartes et plans furent dessinés, l’emplacement de la nouvelle cité choisi, les fermes à l’entour réparties et alloties proportionnellement au rang de chacun. Le marchand put reprendre son commerce, l’artisan son travail. Dans la ville, les rues et les places se formèrent comme par enchantement. Dans la campagne, on planta des haies, on défricha, on sema, si bien que l’été suivant vit tout le pays doré par les moissons jaunissantes. Tout prospérait dans cette étrange colonie. Mais avant tout le grand temple, dont on avait jeté les fondations au centre de la ville, s’élevait de jour en jour davantage. Depuis la première heure du jour jusqu’à la nuit le bruit du marteau et le grincement de la scie ne cessaient pas un instant autour du monument que les émigrants élevaient à la gloire de Celui qui leur avait fait traverser sains et saufs de si grands périls.

Les deux voyageurs égarés, John Ferrier et l’enfant qu’on regardait maintenant comme sa fille, avaient accompagné les Mormons jusqu’au terme de leur exode. La petite Lucy avait été commodément installée dans le chariot du vieux Stangerson, en compagnie des trois femmes du Mormon et de son fils, solide garçon de douze ans, déjà plein de hardiesse