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que je l’ai rencontrée comme passagère à bord du Rocher-de-Gibraltar, dont j’étais le premier lieutenant. Du jour où je la vis, elle devint mon unique pensée, et pendant chaque jour de la traversée, j’appris à l’aimer de plus en plus. Bien souvent depuis, pendant les nuits obscures où je faisais le quart, je me suis agenouillé pour baiser le pont du navire où ses pieds s’étaient posés. Elle ne fut pas ma fiancée, et elle me traita toujours avec la plus entière franchise. Si je ressentais pour elle de l’amour, elle, de son côté, n’éprouvait pour moi que de l’amitié. Quand nous nous séparâmes, elle était restée libre, moi seul ne l’étais plus.

À mon voyage suivant, j’appris son mariage. Ne lui était-il pas permis d’épouser qui elle voulait ? Qui méritait, plus qu’elle, titres et fortune ? Son mariage ne m’affligea pas outre mesure, car je n’étais pas égoïste, je parvins même à me réjouir de son bonheur qui lui avait évité de m’épouser, moi, pauvre officier de fortune. Tel était l’amour que j’éprouvais pour elle. Je pensais bien ne jamais la revoir, mais au retour de mon dernier voyage je fus promu capitaine, et le navire que je devais