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arrêtés pour causer, nous n’étions pas allés jusqu’au bout du sentier, dont le sol grisâtre, perpétuellement mouillé par les embruns, garde les empreintes les plus légères fût-ce celles d’un oiseau. Or, on voyait là distinctement deux lignes de pas ; partant de l’endroit où je me trouvais et se dirigeant vers l’extrémité du sentier. Il n’y en avait pas en sens inverse. À quelques mètres de l’extrémité, le sol était piétiné et boueux ; les ronces et les fougères qui bordaient le précipice étaient foulées et souillées de terre humide. Je me couchai à plat ventre pour plonger du regard dans l’abîme ; l’écume du torrent m’éclaboussait de toutes parts. La nuit était venue ; j’apercevais à peine çà et là des reflets humides sur les parois des rochers noirâtres, et au fond du précipice le ruissellement du torrent. J’appelai. Pour toute réponse, le mugissement quasi humain de la cascade vint frapper mon oreille.

Il était pourtant dit que je recueillerais un dernier souvenir de mon pauvre ami : le roc même où j’avais trouvé l’alpenstock avançait un peu sur le sentier, et, tout en haut, mon œil fut attiré par un point brillant. Allongeant la