je avec fureur, car cette agression était si peu justifiée qu'elle émouvait ma bile. Que veulent donc ces coquins ? Certainement ils sont ivres ou fous.
-Tirez sur l'ancre, l'ami, tirez sur l'ancre! cria mon camarade, en se levant brusquement de son siège. Je comprends, tirez sur l'ancre.
-Qu'y a-t-il donc ? demandai-je en l'aidant à remonter la grosse pierre, jusqu'à ce qu'elle sortit de l'eau toute ruisselante.
-Ce n'est pas sur nous qu'ils font feu, mon garçon. Ils visaient quelqu'un qui se trouve dans l'eau entre eux et nous. Tirez, Micah! un bon coup de reins. C'est peut-être quelque pauvre diable qui se noie.
-Oui, oui, dis-je en regardant entre deux coups de rames derrière moi. Je vois sa tête à la crête d'une vague. Doucement, ou nous allons passer sur lui. Encore deux coups, et tenez vous prêt à le saisir. Tenez bon, l'ami. On vient à votre aide.
-Offrez votre aide à ceux qui ont besoin d'aide! dit une voix partant de la mer. Diantre, l'ami, faites attention à votre rame. J'ai plus de peur d'en recevoir un coup que je n'ai peur de l'eau.
Ces mots étaient prononcés avec tant de calme et de sang-froid que toutes nos craintes au sujet du nageur disparurent.
Nous rentrâmes les rames, et nous nous tournâmes pour jeter un coup d'oeil sur lui.