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formidable comme le tonnerre, avec un grondement qui donnait l'idée d'une puissance irrésistible, je sens qu'il y a là aussi quelque chose que ne sauraient exprimer mes faibles paroles.

Pour des soldats inexpérimentés comme nous, il semblait que notre fragile protection, et nos faibles armes fussent absolument impuissantes à arrêter l'élan et l'impulsion des dragons.

À droite et à gauche, je voyais des figures pâles, contractées, aux yeux dilatés, aux traits rigides, avec un air d'obstination qui exprimait moins l'espérance que le désespoir.

De tous côtés s'élevaient des exclamations et des prières:

-Seigneur, sauve ton peuple!

-Miséricorde, Seigneur, miséricorde!

-Sois avec nous en ce jour!

-Reçois nos âmes, ô Père miséricordieux!

Saxon était couché en travers de la charrette.

Ses yeux scintillaient comme des diamants.

Il tenait son pistolet au bout de son bras tendu et rigide.

Suivant son exemple, chacun de nous visa avec tout le sang-froid possible le premier rang ennemi.

Notre seul espoir de salut consistait à faire cette unique décharge assez terrible pour que nos adversaires fussent ébranlés et aussi hors d'état de poursuivre leur attaque.

Ne ferait-il donc jamais feu, cet homme ?