Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée

on aurait le droit de me livrer à l'huissier du village comme un vagabond, ou de m'en chasser à coup de fouets tressés avec les cordes d'arbalète d'insolents piqueurs.

-Et comment est arrivé un aussi brusque changement de fortune ? demandai-je.

-Remplissez vos verres, s'écria le vieillard en joignant l'action à la parole. Je bois à votre santé, je bois à la perte de tous les princes sans foi.

«Comment cela arriva-t-il, demandiez-vous ? Eh bien! Lorsque Charles Ier vit fondre sur lui les premières agitations, je le soutins comme s'il avait été mon propre frère. À Edgehill, à Naseby, dans vingt escarmouches ou combats, je me battis vaillamment pour sa cause, j'entretins à mes frais une troupe de cavalerie, levée parmi mes jardiniers, palefreniers et domestiques.

«Puis, la caisse de l'armée commençait à se vider; il fallait de l'argent pour prolonger la lutte.

«Ma vaisselle et mes chandeliers d'argent furent jetés au creuset. Ils y entrèrent à l'état de métal et en sortirent sous forme de soldats et de piquiers.

«Nous durâmes ainsi quelques mois, jusqu'au jour où l'escarcelle se vida; et, par nos efforts communs, nous la remplîmes de nouveau. Cette fois, ce fut la ferme du domaine et le bois de chênes qui partirent.

«Puis advint Marston Morr. Il fallu