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moiselle, dans cette grande maison noire, sans autre distraction que le spectacle assez monotone de la rue Saint-Martin. N’aimeriez-vous pas à vous mêler à la belle société, à entendre de douce musique, à voir tout ce qui est riche et beau, à vous vêtir de belles toilettes ?

— Je suis heureuse d’être à côté de mon père partout où il est, répondit la jeune fille, en joignant ses deux mains d’un geste affectueux sur le bras du vieillard. Je ne demande rien de plus que ce que j’ai.

— Je pense que vous feriez bien de regagner votre chambre, Adèle, dit le vieux marchand, car le prince, malgré son âge, avait la réputation de s’intéresser encore aux femmes. Il s’était rapproché de la jeune fille et avait posé sa main parcheminée sur son bras, tandis que ses petits yeux noirs brillaient d’un éclat inquiétant.

— Tut ! tut ! dit-il comme elle se hâtait d’obéir. Vous n’avez rien à craindre pour votre tourterelle, monsieur. L’épervier a les ailes trop lourdes pour fondre sur la proie, quelque tentante qu’elle soit. Mais, en vérité, je vois qu’elle est aussi bonne qu’elle est belle ; elle descendrait tout droit du ciel qu’elle ne pourrait être plus parfaite. Ma voiture attend, messieurs, je vous souhaite une bonne journée.

Et avec une révérence pleine de dignité il sortit à petits pas pressés, de son allure affectée de vieux muscadin. De la fenêtre, Catinat le vit prendre place dans ce même carrosse qui leur