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C’était un petit homme alerte, maigre comme un hareng, avec de longues dents qui avançaient sous les lèvres et une énorme perruque frisée dont les boucles cachaient en partie son cou décharné et ses épaules étroites. Il portait un grand manteau de velours souris et de grandes bottes qui, avec son petit chapeau à cornes galonné d’or, lui donnaient une apparence militaire. Il était facile de reconnaître à l’expression de ses yeux noirs et de ses traits affinés, aussi bien qu’à son ton de commandement, que c’était un personnage puissant. En effet, il n’était guère quelqu’un, aussi bien en France qu’à l’étranger, à qui ne fût familier le nom du petit gentilhomme, en ce moment debout sur le palier du huguenot, tenant d’une main sa tabatière d’or et jouant de l’autre avec un mouchoir richement brodé. Qui donc, parmi ceux qui étaient là ne connaissait le dernier des grands seigneurs de France, le plus brave de ses capitaines, le bien-aimé Condé, le vainqueur de Rocroy et le vainqueur de la Fronde ! À la vue de ce visage sévère, les dragons et leur chef s’immobilisèrent, les yeux agrandis, tandis que Catinat portait à la hauteur de ses yeux le tronçon de son épée pour saluer.

— Eh ! eh ! s’écria le vieux soldat en le regardant avec attention. Vous étiez avec moi sur le Rhin. Eh ! je connais votre figure, capitaine. Mais la maison du roi était avec Turenne.

— J’étais au régiment de Picardie, Altesse. De Catinat est mon nom.