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mode alors, comme les manteaux noirs et les cravates de dentelle, et aucun courtisan n’aurait été assez téméraire pour ne pas se sentir touché par la grâce, depuis que le roi s’était lancé dans la dévotion. Cependant ils avaient un air fort ennuyé, tous ces soldats et seigneurs, bâillant derrière leurs missels, tandis que quelques-uns parmi ceux qui semblaient les plus attentifs à leurs dévotions étaient en réalité plongés dans la lecture du dernier roman de Scudéri ou de La Calprenède relié en livre d’heures. Les dames étaient plus dévotes, et elles s’ingéniaient à le montrer, car chacune avait à la main un petit cierge, sous prétexte de mieux suivre l’office dans son missel, mais en réalité avec l’espoir d’être mieux vue du roi et de lui montrer qu’elle était en communion d’idées avec lui. Quelques-uns des assistants étaient bien là de leur libre volonté et leur prière montait peut-être directement du cœur, mais la politique de Louis avait fait de ses nobles des courtisans et de ceux-ci des hypocrites, si bien que la cour tout entière était comme un gigantesque miroir réfléchissant à l’infini sa propre image.

Louis avait l’habitude lorsqu’il revenait de la chapelle de recevoir les requêtes et les plaintes de ses sujets. Il traversait pour revenir au palais un grand espace découvert où s’assemblaient les gens qui avaient quelque chose à demander. Ce matin-là ils n’étaient que deux ou trois, un bourgeois qui se jugeait lésé par le prévôt de sa cor-