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Il savait maintenant que le temps était venu où il devait choisir entre elle et Montespan. Leurs influences étaient diamétralement opposées. Il était placé entre le vice et la vertu et il lui fallait faire un choix. Le vice était bien attrayant, bien charmant, bien spirituel, et le retenait par cette chaîne de l’habitude si difficile à briser. Il y avait des moments où sa nature le ramenait de ce côté, et où il était tenté de reprendre les deux sentiers. Mais Bossuet et le Père La Chaise se tenaient constamment à ses côtés, lui murmurant à l’oreille leurs encouragements, et surtout il y avait Mme de Maintenon pour lui rappeler ce qu’il devait à sa gloire et à ses quarante-six ans. Il s’était donc préparé à faire l’effort suprême. Mais il ne pouvait répondre de rien tant que sa vieille favorite serait à la cour. Il se connaissait trop bien pour croire à la possibilité d’un changement durable, tant qu’elle serait là à guetter son moindre signe de faiblesse. Il fallait lui persuader de quitter Versailles, s’il était possible de le faire sans scandale. Il se montrerait ferme avec elle cette après-midi, et il lui ferait comprendre une fois pour toutes que son règne était à jamais fini.

Telles étaient les pensées que le roi roulait dans sa tête, tandis qu’il s’inclinait sur le riche coussin de soie rouge garnissant l’appui de son prie-Dieu en chêne sculpté. Il se tenait agenouillé, à droite de l’autel, seul, entouré de ses gardes et des personnages de sa famille ; le reste de la cour remplissait la chapelle. La piété était de