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De temps en temps, se répandait le bruit de nouveaux exploits maritimes accomplis par Sharkey. Parfois c’était une goélette qui, ayant aperçu une grande flamme à l’horizon, s’était approchée pour porter secours au navire en détresse et qui s’était enfuie à la vue de la barque noire qui se tenait comme quelque loup auprès d’une brebis étranglée. Quelquefois c’était un navire marchand effrayé qui arrivait au port toutes les voiles dehors, car il avait aperçu au large le hunier à la large pièce en losange qui s’élevait lentement dans le violet de l’horizon. D’autres fois, c’était un caboteur qui avait trouvé à la marée basse, dans la baie de Bahama, une jonchée de cadavres à demi desséchés par le soleil.

Un jour, arriva à Kingston un marin qui avait été maître d’équipage à bord d’un navire venant de la Guinée, et s’était évadé des mains du pirate. Il ne pouvait plus parler – pour des motifs que seul Sharkey connaissait – mais il pouvait écrire, et c’est ce qu’il fit pour le plus grand intérêt de Copley Banks. Pendant des heures, ils restèrent l’un et l’autre penchés sur une carte, tandis que l’homme muet désignait, çà et là, des écueils, des récifs éloignés, des petits bras de mer tortueux, et que son compagnon