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— Alors, laissez-moi passer.

— Mes ordres sont formels.

— Si je pouvais dire un mot au roi.

— Malheureusement, monsieur, c’est impossible.

— Un mot seulement.

— En vérité, monsieur, cela ne dépend pas de moi.

Furieux, le noble personnage frappa du pied et regarda fixement la porte comme s’il eût eu l’intention d’entrer de force. Puis, tournant sur ses talons, il repartit dans la longue galerie de l’air d’un homme qui a pris une décision.

— Là, se dit en lui-même Catinat, en tirant sur sa fine moustache noire, le voilà parti préparer quelque scène. Tout à l’heure, je vais avoir sa sœur ici, je le parierais, et je vais me trouver dans un joli embarras, entre mes ordres et le risque de me faire d’elle une ennemie pour la vie. J’aimerais mieux défendre le fort Richelieu contre les Iroquois que la porte du roi contre une femme en colère. Par ma foi, voilà bien ce que je craignais, une dame ! Ah ! le ciel soit loué, c’est une amie et non une ennemie. Bonjour, mademoiselle Nanon.

La nouvelle arrivante était une gracieuse brunette dont le frais visage et les grands yeux noirs contrastaient avec sa toilette très simple.

— Je suis de garde, vous voyez, je ne puis pas causer avec vous.