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se retourner sous sa couverture, songeant aux moyens de s’échapper de ce maudit navire. Mais en admettant même qu’il réussît à s’échapper avec sa femme, où iraient-ils ? Tout le Canada leur était fermé ; les établissements anglais leur offraient, il est vrai, un refuge, mais seraient-ils sûrs d’y arriver ? Si encore Amos Green leur fût resté fidèle, mais il les avait déjà oubliés. Et quelles raisons avait-il, en vérité, d’agir autrement ? Il ne leur tenait par aucun lien du sang, et sa famille l’attendait là-bas chez lui. Et pourtant Catinat ne pouvait croire à cette indifférence de son ancien ami.

Il était en train d’agiter cette douloureuse question, quand tout à coup un sifflement modulé qui dominait le clapotis de l’eau, lui fit dresser l’oreille. C’était peut-être quelque batelier ou quelque Indien passant le long du bord dans sa pirogue. Mais le sifflement se fit entendre de nouveau, plus impératif et plus pressant. Il se redressa sur son séant et regarda autour de lui : cela semblait venir du hublot ouvert. Il y mit la tête, mais il ne vit rien que l’eau sombre, et dans le lointain le scintillement des feux de la pointe Levis. Comme il se laissait retomber sur sa couchette, quelque chose passa par l’ouverture et alla rouler sur le plancher de la cabine. Il sauta à bas, saisit une lanterne accrochée à un clou, en dirigea la lumière sur le parquet et aperçut un objet qui brillait. Il le ramassa et reconnut une petite broche en or. Il tressaillit à la vue du bijou. C’était sa propre broche