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avait témoigné quelques bontés. La mort n’était pas une chose nouvelle sur le navire, car dix soldats avaient succombé dans la traversée ; de sorte que peu de personnes accordèrent même une pensée au pèlerin qui venait d’atteindre le terme de son voyage, d’autant que le bruit s’était répandu que c’était un huguenot. L’ordre fut donné de l’immerger immédiatement, et le dernier homme qui eut à s’occuper en ce monde de Théophile Catinat fut le voilier qui l’enveloppa dans la traditionnelle, bande de toile.

Il en fut différemment des réfugiés survivants.

Quand toutes les troupes furent débarquées, on les réunit sur le pont et un officier fut chargé de leur signifier la décision prise à leur sujet par le gouverneur. C’était un gros homme, à figure vermeille, à l’air bon enfant, mais Catinat se sentit saisi d’appréhension quand il le vit s’avancer sur le pont, ayant à ses côtés le moine franciscain avec lequel il s’entretenait à voix basse. Il y avait sur le visage du moine un sourire mauvais, qui ne présageait rien de bon pour les hérétiques.

— On verra, bon père, on verra, disait l’officier d’un ton d’impatience, en réponse à une injonction du prêtre. Je suis un aussi zélé serviteur de l’Église que vous.

Puis, s’adressant au groupe en anglais :

— Lequel de vous est le capitaine Savage ?

– Éphraïm Savage, de Boston.

— Et M. Amos Green ?

— Amos Green, de New-York.