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une réponse vive sembla un instant trembler sur ses lèvres, mais le farouche vieillard fit un effort pour se contenir.

— Votre Majesté, dit-il, saura si je suis un soldat ou non, en interrogeant ceux qui m’ont vu à Senelle, à Mulhouse, à Salzbach et en vingt autres lieux où j’ai eu l’honneur de défendre la cause de Votre Majesté.

— Vos services n’ont pas été oubliés, dit Louis… Au surplus, je regrette de vous avoir fait de la peine… Nous nous occuperons de l’affaire dans notre Conseil.

— Cela me réchauffe le cœur de vous entendre parler ainsi, s’écria le vieux gouverneur. Il y aura de la joie le long des rives du Saint-Laurent dans le cœur des blancs et des rouges, quand ils sauront que leur bon père de l’autre côté de l’eau pense à eux.

— N’attendez pas trop cependant, car le Canada nous a coûté cher, et nous avons beaucoup de charges en Europe… Au fait, quel est votre avis, Frontenac, reprit Louis en baissant la voix de façon à n’être entendu que du comte, de Louvois et du cercle royal, quelle force serait nécessaire pour chasser les Anglais du Canada ? Un régiment, deux régiments et peut-être une frégate ou deux ?

Mais l’ancien gouverneur secoua sa tête grise.

— Vous ne les connaissez pas, Sire, dit-il. Ce sont de rudes gens. Nous autres au Canada, avec toute votre gracieuse aide, nous avons eu de la