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formant la dot que le roi accordait à ses humbles pupilles.

Introduire dans une pareille société une poignée d’indépendants de la Nouvelle-Angleterre, un puritain de Boston et trois huguenots de France, c’était, en vérité, approcher une torche d’un baril de poudre. Cependant, chacun était si occupé de ses propres affaires que l’on ne prit guère garde aux naufragés. Trente des soldats étaient tombés malades, pris par la fièvre ou le scorbut, et prêtres et nonnes avaient assez à faire avec eux. Denonville, le gouverneur, était un petit homme maigre, ancien officier de dragons, qui se promenait tout le jour sur le pont en lisant les psaumes de David, et qui passait la moitié de ses nuits, avec des cartes étendues devant lui, à étudier les moyens de détruire les Iroquois qui rongeaient sa province. Les jeunes cavaliers et les dames flirtaient, les paysannes angevines coulaient des œillades vers les soldats de Quercy, et l’évêque Saint-Vallier lisait ses offices et faisait des conférences à son clergé.

L’Angleterre et la France étaient en paix, à ce moment, bien que les rapports fussent assez tendus entre le Canada et New-York, les Français croyant, et non sans quelque raison, que c’étaient les Anglais qui lançaient contre eux les démons dont ils avaient à chaque instant à repousser les attaques. Éphraïm et ses hommes furent donc recueillis amicalement à bord du vaisseau, mais celui-ci était si encombré qu’ils eurent à se caser