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devenir ? Je suis trop vieux pour recommencer ma vie.

— Ne craignez rien, oncle, dit Catinat. Il y a d’autres pays que la France.

— Pas pour moi. Non, non, je suis trop vieux. Que faire ? Où aller ? Et il se tordait les bras de désespoir.

— Qu’a-t-il donc ? Amos, demanda le marin. Je n’entends rien à ce qu’il dit, mais je vois qu’il a hissé le pavillon d’alarme.

— Lui et les siens sont obligés de quitter le pays, Éphraïm.

— Et pourquoi ?

— Parce qu’ils sont protestants, et que le roi ne veut pas tolérer leur religion.

Éphraïm Savage s’avança aussitôt vers le vieillard, et saisit sa main maigre dans ses gros doigts noueux.

Il y avait dans cette rude étreinte une sympathie fraternelle qui releva le courage du vieux marchand, comme aucune parole n’eût pu le faire.

— Dites à cet homme que je le tirerai de là, Amos, fit-il, en se tournant vers son jeune compatriote. Dites-lui que nous habitons un pays où il sera tranquille, où tout le monde pratique librement sa religion, où il faut aller jusqu’à Baltimore pour trouver des papistes. Dites-lui que s’il veut venir, le Golden Rod attend avec son ancre à pic et sa cargaison à bord. Dites-lui ce que vous voudrez pourvu que vous le décidiez.

— Alors, il vaut mieux que nous partions tout