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que pour conserver ma position ou la richesse j’ai abandonné la religion de mes pères.

— Vous êtes fou. D’un côté vous avez tout ce qu’un homme peut désirer ; qu’avez-vous de l’autre côté ?

— Il y a mon honneur.

— C’est donc un déshonneur que d’embrasser ma religion ?

— Ce serait un déshonneur pour moi de l’embrasser sans y croire, et dans un but d’intérêt.

— Eh bien ! croyez-y !

— Hélas ! Sire, un homme n’est pas maître de sa croyance. La foi vient à lui, ce n’est pas lui qui va à elle.

— Ma parole, mon père, dit Louis avec un sourire plein d’amertume, en s’adressant à son confesseur, il me faudra aller chercher des cadets pour ma maison dans votre séminaire, puisque mes officiers se font théologiens et casuistes. Ainsi, pour la dernière fois, vous refusez de m’obéir ?

— Oh ! Sire, protesta Catinat en s’avançant les bras tendus, et les yeux pleins de larmes.

Mais le roi l’arrêta d’un geste.

— Je n’ai pas besoin de protestations, dit-il. Je juge un homme par ses actes. Abjurez-vous, oui ou non ?

— Je ne peux pas, Sire.

— Vous voyez, dit Louis, en se tournant de nouveau vers le Jésuite. Ce ne sera pas aussi facile que vous pensez.