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à user de force contre tout homme portant le nom de Français. Vous me suivez bien ?

— Oui, Sire ! Le jeune homme était devenu mortellement pâle.

— Vous êtes huguenot vous-même, si je ne me trompe. Je serais heureux d’apprendre de vos lèvres mêmes que vous tout au moins vous êtes prêt à obéir aux ordres du roi en cela comme en tout le reste.

Le jeune officier hésitait, mais c’était plutôt sur la forme que sur le sens de sa réponse. Il sentait que la Fortune lui retirait en un instant tout ce qu’elle lui avait accordé dans le passé. Le roi fronçait les sourcils et ses doigts frappaient impatiemment la table, pendant qu’il regardait l’officier qui se tenait devant lui la tête basse, dans une attitude abattue.

— Pourquoi toutes ces réflexions ? s’écria-t-il. Je vous ai élevé à la situation que vous occupez et je veux vous élever encore davantage. Quand on porte des épaulettes de major à trente ans, on peut bien espérer un bâton de maréchal à cinquante. J’ai fait votre passé ; je ferai votre avenir. Que pouvez-vous demander de plus ?

— Rien, Sire, rien en dehors de votre service.

— Pourquoi ce silence alors ? Pourquoi ne me donnez-vous pas l’assurance que je demande ?

— Je ne peux pas, Sire.

— Vous ne pouvez pas ?

— C’est impossible. Je perdrais ma tranquillité d’esprit et le respect de moi-même, si je me disais