Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Insolent ! s’écria le roi en se levant d’un bond.

— Sire, rien ne m’empêchera de dire ce qui est vrai, fussiez-vous roi cinquante fois. Regardez ! Est-ce que ces membres sont ceux de quelqu’un qui a peur de proclamer ce qui est la vérité ?

D’un mouvement brusque ; il releva les amples manches de sa robe, et découvrit deux bras sur lesquels il n’y avait plus aucune chair. Les os, recouverts d’une peau luisante, plissée et crevassée étaient noueux et tordus comme des branches d’arbres morts.

Louvois lui-même, l’homme le plus dur de la cour, et les deux autres prêtres frissonnèrent à la vue de ces membres informes. Il les leva au-dessus de sa tête et tourna ses yeux brûlants vers le plafond.

— Le ciel m’a choisi avant ce jour pour témoigner de la foi ! s’écria-t-il. On m’avait dit qu’il fallait du sang pour nourrir la jeune Église du Siam, et je suis allé au Siam. Ils m’ont ouvert le corps, ils m’ont crucifié, ils ont désarticulé mes os, ils les ont fendus, et ils m’ont laissé pour mort. Mais Dieu a soufflé de nouveau en moi le souffle de la vie afin que je puisse aider à cette grande œuvre de la régénération de la France.

Mais le roi l’interrompit :

— La cruauté avec laquelle vous avez été traité ne vous a donc pas appris à être plus tendre envers les autres ?

— Tendre ! Envers des hérétiques ! Non, Sire.