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perfidie entre dans le cœur des femmes, et le désir de la vengeance dans celui des hommes.

— Vous pouvez me tuer si vous voulez, gémit-elle.

— Je le ferai, dit-il simplement.

La voiture continuait de rouler, cahotant sur l’étroite route de campagne coupée de profondes ornières. L’orage était passé, mais les roulements du tonnerre s’entendaient encore, bien loin dans le ciel. La lune brilla, argentant les grandes plaines bordées de peupliers, éclairant de sa lumière froide la silhouette de la femme affaissée sur le plancher de sa voiture et celle de son terrible compagnon. Il se tenait maintenant renversé en arrière, les bras croisés sur la poitrine, les yeux fixés sur la femme qui avait rendu sa vie misérable.

— Où me conduisez-vous ? demanda-t-elle à la fin.

— À Portillac, ma toute belle.

— Et pourquoi à Portillac ? Que voulez-vous faire de moi ?

— Je veux faire taire à jamais cette petite langue perfide et menteuse. Je veux qu’elle ne puisse plus tromper d’autres hommes.

— Un assassinat !

— Appelez-le comme vous voudrez.

— Vous avez une épée à votre côté, Maurice. Pourquoi ne me tuez-vous pas tout de suite ?

— Soyez assurée que je l’eusse fait déjà si je n’avais une excellente raison.