Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous voici réunis de nouveau, après un si long temps.

— Oh ! Maurice, comme vous m’avez fait peur ! Comment avez-vous pu être si cruel ? Pourquoi ne m’avez-vous pas parlé ?

— Parce qu’il était si doux de me trouver là dans le silence, et de penser que je vous avais tout entière à moi, sans personne entre nous, après tant d’années. Ah ! ma petite femme chérie, comme j’ai attendu cette heure avec impatience.

— Je vous ai fait bien du mal, Maurice, je vous ai fait bien du mal ! Pardonnez-moi.

— Nous ne pardonnons pas dans notre famille, ma chère Françoise. Songez plutôt que…

— Ah ! misérable, vous m’avez tordu le poignet, vous m’avez brisé le bras… Vous me frappez… Au secours !

Il venait en effet de se précipiter sur elle, et lui frappait le visage avec sauvagerie. Elle s’était jetée à genoux, la tête cachée dans les coussins ; mais il continuait de s’acharner sur elle, frappant à tort et à travers dans l’obscurité. Les coups résonnaient tantôt avec un bruit sourd, quand sa main rencontrait le cuir du siège, tantôt avec un claquement sec quand elle portait sur le bois, où elle se meurtrissait, mais dans sa rage folle il ne sentait pas la douleur.

— Ah ! je vous ai réduite au silence, dit-il à la fin. C’est avec des baisers que j’arrêtais les paroles sur votre bouche autrefois. Mais le monde marche, Françoise, et les temps changent, et la