Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.

De larges gouttes de pluie claquaient contre une des portières. Un vent d’orage s’était levé.

— Monsieur, supplia-t-elle, en avançant les mains et le prenant par son manteau. Vous m’effrayez, vous me terrifiez. Je ne vous ai jamais fait aucun mal. Quel motif avez-vous d’en vouloir à une malheureuse femme. Oh ! parlez-moi, pour l’amour de Dieu, parlez-moi.

La pluie continua de battre sur la vitre, mais pas une parole ne sortit des lèvres de l’homme.

— Peut-être ne savez-vous pas qui je suis, continua-t-elle, en essayant de prendre son ton d’autorité habituel. Cette plaisanterie pourrait vous coûter cher. Je suis la marquise de Montespan, et je n’oublie pas une injure. Si vous fréquentez à la cour, vous devez savoir que j’ai quelque crédit auprès du roi. Vous pourrez m’emporter dans cette voiture, mais je ne suis pas une personne qui puisse disparaître sans que l’on s’en préoccupe. Si vous… Ah ! mon Dieu…

Du milieu du nuage était parti un éclair qui avait soudain inondé d’une lueur livide l’intérieur de la calèche, et elle avait pu apercevoir la figure de l’homme à quelques pouces de la sienne, les yeux brillants et les traits convulsés par un rire silencieux, et dans cette figure cruelle contractée par un spasme de haine, elle venait de reconnaître l’homme qu’elle craignait le plus au monde, son mari.

— Maurice, cria-t-elle ! Maurice, c’est vous ?

— Oui, ma chère petite femme. C’est moi ;