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dépassé la grille où nous devions prendre mon frère.

Son compagnon ne répondit pas. Elle crut que ses paroles avaient été couvertes par le bruit de la voiture.

— Monsieur, cria-t-elle, je vous fais remarquer encore une fois que nous avons dépassé la grille du parc.

Pas de réponse.

Alors elle fut prise tout à coup d’une terreur folle. Elle se mit à pousser des cris et se leva pour baisser la glace et ouvrir la portière. Mais une main d’acier lui étreignit le poignet, et la força à se rasseoir. Cependant l’homme n’avait pas bougé de sa place et n’avait pas dit un mot. La voiture continua de rouler lourdement, avec bruit. Ils étaient déjà loin de Versailles.

La dame s’était blottie dans le coin de la voiture haletante, et ses yeux dilatés par la peur ne quittaient pas l’homme assis en face d’elle. C’était une femme courageuse, mais cette horreur étrange, inquiétante, venant après les émotions de la journée avait ébranlé tous ses nerfs. Elle eût préféré des menaces à ce silence qui la terrifiait, et qu’il fallait rompre à tout prix.

— Monsieur, dit-elle, il doit y avoir quelque erreur. Je ne sais pas de quel droit vous m’empêchez d’ouvrir cette portière et de donner mes ordres au cocher.

Il ne répondit pas.