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et la victoire de sa rivale. Le soir, tout fut prêt et elle donna l’ordre qu’on lui envoyât les caisses à Petit-Bourg, qu’elle avait choisi pour retraite.

Une demi-heure avant le temps fixé pour son départ un jeune cavalier, dont la figure lui était inconnue, fut introduit devant elle, il venait de la part de son frère.

— M. de Vivonne, dit-il, regrette que le bruit de votre départ se soit répandu à la cour.

— Il m’importe peu, monsieur, répondit-elle avec toute sa fierté d’autrefois.

— Il dit, madame, que les courtisans pourraient s’assembler à la porte Ouest pour vous voir partir…

Mme de Montespan eut un geste de colère et d’horreur à la pensée qu’une telle épreuve pouvait lui être réservée. Quitter ce palais où elle avait été plus que reine, sous les yeux méprisants et les sarcasmes amers de tant d’ennemis personnels ! Après toutes les humiliations qu’elle avait subies en ce jour, c’eût été le comble de l’affront. Elle ne pouvait s’y résoudre.

— Dites à mon frère, monsieur, que je lui serais fort obligée de vouloir bien prendre de nouvelles dispositions pour que mon départ soit ignoré.

— Il m’a chargé de vous dire que c’est déjà fait… Si vous voulez me suivre…

— Je suis prête. À la porte Ouest ?

— Non, à la porte Est. La voiture attend.

— Très bien. Alors, monsieur, si vous voulez