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Puis elle sortit de la grande chambre silencieuse où sa belle rivale était étendue au milieu du velours et des dorures, fleur coupée sur sa tige, sans espoir de retrouver son éclat.

Sitôt que celle-ci eut reprit ses sens elle renvoya ses femmes, et resta couchée les mains crispées, le visage défait, songeant à ce qu’allait être sa triste vie. Elle ne pouvait plus demeurer dans ce palais, cela était certain. Non seulement parce que c’était l’ordre du roi, mais parce qu’il n’y avait plus pour elle que misères et railleries dans cette cour où elle avait régné en maîtresse suprême.

— Elle se leva du divan, se sentant vieillie de dix ans.

Elle avait jeté ses pierreries aux pieds du roi dans un mouvement de colère, mais c’était assez d’avoir perdu le roi, et il eût été insensé de perdre aussi ses bijoux. Si elle cessait d’être la plus puissante femme de France, elle pouvait encore être la plus riche. Elle aurait sa pension naturellement, et elle serait magnifique, car Louis était toujours généreux. Et puis elle possédait tout le butin qu’elle avait rassemblé durant ces longues années, les bijoux, les perles, l’or, les tableaux, les bibelots, et cela représentait plusieurs millions de livres. Elle emballa elle-même tout ce qui pouvait facilement s’emporter, et elle confia à son frère la garde du reste. Toute la journée elle travailla avec une activité fiévreuse afin d’occuper son esprit et d’oublier sa défaite