Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.

conduit dans des sentiers plus hauts, si vous aviez pris soin de développer tout ce qu’il y a de bon et de noble en lui, votre nom eût été honoré et béni dans le château comme dans la chaumière. Mais non ! vous l’avez traîné dans la boue, vous avez gaspillé sa jeunesse, vous l’avez éloigné de sa femme, vous l’avez empêché d’être vraiment un homme. Pareil exemple venant de lui a fait commettre mille crimes à ceux qui le prennent pour modèle, et tous ces crimes c’est vous qui en êtes responsable. Prenez garde, madame. Au nom de Dieu, prenez garde avant qu’il ne soit trop tard. Malgré toute votre beauté, il se peut qu’il ne vous reste, à vous comme à moi, que quelques brèves années à vivre. Alors, quand ces cheveux seront blancs, quand ce visage sera sillonné de rides, quand l’éclat de ces yeux aura pâli, ah ! Dieu prenne pitié de l’âme de Françoise de Montespan !

Sa rivale baissait enfin la tête. Un instant elle demeura silencieuse, domptée pour la première fois de sa vie ; mais bientôt sa nature hautaine reprit le dessus et elle releva la tête avec un mouvement d’ironie et de défi.

— Je vous remercie : j’ai mon directeur, dit-elle. Ne vous imaginez pas que vous me jetez de la poudre aux yeux. Je vous connais, je ne vous connais que trop.

— Détrompez-vous, vous me connaissez bien moins que vous ne croyez.

— Si fait, riposta Mme de Montespan. Vous êtes