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la croûte de pain qui vous empêcherait de mourir de faim. Que possédiez-vous ? Rien…, rien qu’un nom qui était la risée de l’Europe. Et que vous ai-je donné ? Tout. Vous savez que je vous ai donné tout, argent, situation, l’entrée de la cour. C’est par moi que vous avez tout obtenu. Et maintenant vous vous raillez de moi.

— Madame, je ne me raille pas de vous. Je vous plains du fond de mon cœur.

— Vous ! me plaindre ! Ah ! la veuve Scarron plaindre une Mortemart ! Votre pitié peut aller rejoindre votre gratitude et votre réputation. Nous savons ce qu’elles valent.

— Vos paroles me chagrinent.

— Votre conscience ne vous reproche donc pas vos infamies ?

— Je n’ai jamais eu la moindre intention de vous faire du mal.

— Vraiment ! Ah ! misérable femme !

— Qu’ai-je donc fait ? Le roi est venu chez moi pour assister aux leçons des enfants. Il s’y est plu, il y est resté. En suis-je responsable ?

— C’est vous qui l’avez détourné de moi.

— Je serais fière, en vérité, si je pouvais croire que c’est moi qui l’ai ramené à la vertu.

— Ainsi vous avouez que vous m’avez volé l’amour du roi, veuve très vertueuse ?

— J’ai toujours eu pour vous une profonde reconnaissance. Vous avez été, ainsi que vous me l’avez souvent rappelé, ma bienfaitrice. Je ne l’ai jamais oublié une minute. Cependant je ne nie