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reries se trouvait au milieu de ses trésors, sous sa main. Elle le prit et se précipita sur l’enfant qui recula. Louis poussa un cri et s’élança pour l’arrêter ; mais une autre main avait été plus rapide que la sienne. Une femme venait d’entrer précipitamment par la porte ouverte et avait saisi le poignet levé. Il y eut un moment de lutte entre les deux femmes, toutes les deux admirablement belles, et le poignard tomba à leurs pieds. Louis le ramassa vivement et, prenant son fils par la main, il se précipita hors de l’appartement. Françoise de Montespan recula en chancelant jusqu’à l’ottomane sur laquelle elle se laissa tomber pour apercevoir devant ses yeux le visage sévère de l’autre Françoise, de la femme qu’elle trouvait toujours comme une ombre à chaque tournant de sa vie.

— Je vous ai sauvée, madame, d’une action que vous auriez été la première à déplorer.

— Sauvée ! C’est vous qui m’y avez poussée.

La favorite déchue s’était levée et se tenait appuyée contre le dossier du meuble, ses mains égratignant le velours derrière elle, les paupières à demi refermées sur ses yeux étincelants.

Mme de Maintenon s’était fait une coupure à la main dans la lutte, et le sang coulait de ses doigts ; mais ni l’une ni l’autre des deux femmes n’avait le loisir d’y prendre garde.

— Oui, reprit Françoise de Montespan, c’est vous qui m’avez poussée à ceci, vous que j’ai recueillie quand vous saviez à peine où trouver