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— Vous êtes venu pour me dire quelque chose et vous n’avez pas le courage de le dire. Dieu bénisse le cœur si bon qui arrête la langue cruelle !

— Non, non, madame, dit Louis. Je n’ai pas eu l’intention d’être cruel. Je ne puis oublier que votre esprit et votre beauté ont égayé ma vie et ma cour depuis des années. Mais les temps changent, madame, et j’ai envers le monde des devoirs qui sont en opposition avec mes inclinations personnelles. Pour plusieurs raisons je crois qu’il est bon que nous nous en tenions à l’arrangement que nous avons discuté l’autre jour, et que vous vous retiriez de la cour.

— Me retirer, Sire ? Pour combien de temps ?

— Il faut que ce soit pour toujours, madame.

Elle le regardait toute pâle, et serrant les poings.

— Je n’ai pas besoin de dire que je vous rendrai cette retraite aussi agréable et aussi heureuse qu’il sera en mon pouvoir. Vous fixerez vous-même le chiffre de votre pension, un palais sera bâti pour vous en n’importe quel lieu de France que vous préférerez pourvu que ce soit au moins à vingt lieues de Paris. De plus, je…

— Oh ! Sire, comment pouvez-vous penser que tout cela puisse compenser la perte de votre amour ?

Elle était complètement abattue. S’il avait parlé avec colère, elle eût pu espérer de le retourner comme elle l’avait fait déjà ; mais ces manières