Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.

douces et cependant fermes étaient nouvelles pour elle, et elle sentait que tous ses charmes demeureraient impuissants.

— Madame, ajouta le roi, j’ai bien réfléchi, et il en sera comme j’ai dit. Il n’y a pas d’autre solution. Puisqu’il faut que nous nous quittions, le plus tôt sera le mieux. Croyez-moi, ce n’est pas une chose agréable pour moi non plus. J’ai fait donner l’ordre à votre frère de se trouver avec une voiture à la petite porte à neuf heures, car j’ai pensé que vous désireriez peut-être vous retirer à la nuit.

— Pour cacher ma honte à une cour qui ne manquera pas de rire de moi. C’est très bien pensé, Sire !

— Ne me regardez pas avec ces yeux de reproche, reprit doucement le roi, je vous en prie. Que notre dernière entrevue laisse dans notre mémoire un souvenir agréable.

— Un souvenir agréable !

Toute son humilité l’avait quittée et sa voix avait pris un accent de mépris et de colère.

— Un souvenir agréable ! agréable pour vous peut-être, qui vous débarrassez d’une femme dont vous avez ruiné la vie, et qui pouvez en trouver une autre dans vos salons pour vous faire oublier votre perfidie. Mais pour moi, condamnée à languir dans quelque château de province, repoussée par mon mari, méprisée par ma famille, la risée et le dédain de la France, loin de l’homme pour