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dans chaque poche de côté. Le monarque prit enfin la longue canne d’ébène à pommeau d’argent que lui tendait un autre courtisan et se trouva prêt pour les travaux du jour.

Pendant la demi-heure employée à ces préparatifs, la porte n’avait cessé de s’ouvrir et de se fermer pour livrer passage à quelque personnage dont le nom était donné à mi-voix à l’officier de service et transmis par celui-ci au premier gentilhomme de la Chambre. Chacun des invités saluait la majesté royale de trois profondes révérences, puis se joignait à un groupe pour s’entretenir à voix basse des nouvelles, du temps et des projets de la journée. Leur nombre allait constamment en augmentant, si bien que lorsqu’on apporta au roi son simple déjeuner, deux tranches de pain et un peu de vin coupé d’eau, la vaste chambre était remplie d’une foule d’hommes dont beaucoup avaient contribué à faire de cette époque la plus illustre période de l’histoire de France. Il y avait là le sévère et énergique Louvois, tout-puissant depuis la mort de son rival Colbert, discutant une question d’organisation militaire avec deux officiers, l’un grand et bien bâti, l’autre petit et contrefait, mais portant les insignes de maréchal de France et possesseur d’un nom redouté de l’autre côté de la frontière hollandaise, car Luxembourg était déjà regardé comme le successeur de Condé, de même que son compagnon Vauban était le successeur désigné de Turenne. Près d’eux, un petit prêtre à cheveux blancs, dont