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Le jeune Américain avait bien lieu de s’alarmer de l’effet produit par ces paroles. Sa nature froide et calme était en effet incapable des violentes et rapides variations du bouillant Français. Catinat s’était mis à danser tout autour de la cellule, en levant bras et jambes, la lune projetant sur le mur derrière lui les contorsions de son ombre. Finalement il se jeta dans les bras de son camarade, l’embrassant et le serrant sur sa poitrine avec des protestations de reconnaissance et des exclamations interminables.

— Ah ! si je pouvais faire quelque chose pour vous, s’écria-t-il, si je pouvais faire quelque chose pour vous !

— Vous le pouvez. Couchez-vous sur cette paille et dormez.

— Et quand je pense que je vous ai malmené ! Ah ! vous avez eu votre revanche.

— Pour l’amour de Dieu, couchez-vous et dormez.

Catinat, à la vérité, était épuisé par toutes les angoisses subies dans la journée, et cette dernière émotion semblait avoir absorbé tout ce qui lui restait de force. À peine étendu, ses paupières se fermèrent lourdement, et le dernier souvenir qu’il eut fut celui de l’Américain, assis les jambes croisées sous le rayon de lune et tailladant à grands coups de son long couteau une des billes de bois.

Le jeune mousquetaire était tellement fatigué que midi avait sonné depuis longtemps, et que le