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ami saurait bien trouver le moyen de se tirer d’embarras.

Puis il songea à s’échapper lui-même. S’il y parvenait, peut-être arriverait-il encore à temps pour remettre son message. Quels étaient ces hommes qui le tenaient prisonnier ? Ils n’avaient pas dit un mot qui pût lui faire deviner pour qui ils agissaient. Monsieur et le Dauphin se présentèrent à son esprit : ce devait être l’un ou l’autre. Il n’avait reconnu que l’un d’eux, le major Despard, un habitué des cabarets de bas étage, et un homme dont l’épée était toujours à la disposition de la bourse la mieux fournie. Où le conduisaient-ils ? À la mort peut-être : et cependant pourquoi avaient-ils pris la peine de le faire revenir à lui ? Rempli de curiosité, il regarda par les portières.

Un cavalier se tenait de chaque côté. Il essaya de reconnaître l’endroit où il était, et comme le ciel s’était éclairci il put apercevoir sur sa droite la pleine campagne avec çà et là des massifs d’arbres, tandis que sur sa gauche, mais beaucoup plus loin, les lumières de Paris scintillaient comme des étoiles. Ils n’allaient donc ni du côté de la capitale ni du côté de Versailles. Puis il se mit à peser ses chances de fuite. On lui avait enlevé son épée, et ses pistolets étaient restés dans les fontes de son cheval. Il était sans armes, ligoté et gardé par une douzaine d’hommes au moins. Il y en avait trois devant chevauchant de front sur la route baignée par le clair de lune,