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— Un jour serait encore trop long, Sire, si vous deviez être malheureux par ma faute, et je ne puis me faire à cette pensée. Croyez-moi, il vaut mieux que nous nous séparions.

— Jamais. Je ne veux pas que vous me quittiez. Pourquoi attendre même un jour, Françoise ? Je suis prêt, vous êtes prête. Pourquoi ne nous marierions-nous pas à l’instant même ?

— À l’instant même ! Oh ! Sire !

— Oui. C’est mon désir ; c’est mon ordre. Ce sera ma réponse à ceux qui prétendent me faire revenir sur ma résolution. Ils ne l’apprendront que lorsque ce sera fait, et alors nous verrons lequel d’entre eux osera traiter ma femme autrement qu’avec respect. Marions-nous secrètement, Françoise. Ce soir même j’enverrai chercher l’archevêque de Paris par un fidèle messager et je jure que, dussé-je avoir toute la France contre moi, il ne partira pas avant de nous avoir unis devant Dieu.

— C’est votre volonté, Sire ?

— Oui, et je lis dans vos yeux que c’est aussi la vôtre. Ne perdons pas un moment, Françoise. C’est Dieu qui m’a inspiré cette pensée et ce moyen de réduire leurs langues au silence. Retournez donc à vos appartements, ma très chère amie, et lorsque nous nous retrouverons ce sera pour former un lien que toute cette cour et tout ce royaume ne sauront défaire.

Tout abattement avait disparu de la physionomie du roi. Il arpentait la pièce d’un pas rapide,