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— Hors d’ici, monsieur. Me laisserai-je tourmenter ainsi par vos importunités ? Quoi ! Vous osez encore demeurer là quand je vous ordonne de sortir !

Le roi s’avança avec colère sur le ministre, mais Louvois, d’un geste rapide, tira sa rapière du fourreau. Le roi fit un pas en arrière, l’alarme et la stupéfaction peintes sur le visage, mais c’était la poignée et non la pointe de l’arme qui lui était présentée.

— Passez-la-moi à travers le cœur, Sire, s’écria le ministre en tombant à genoux, son grand corps tout tremblant d’émotion. Je ne veux pas vivre pour voir votre gloire se ternir.

— Grand Dieu ! cria le roi en jetant l’arme à ses pieds et en portant ses mains à ses tempes. Je crois que c’est une conspiration pour me rendre fou ; y eut-il jamais un homme aussi tourmenté que je le suis ? Mais ce n’est qu’un mariage secret et qui ne touche en rien à l’État, m’entendez-vous ? M’avez-vous compris ? Que demandez-vous de plus ?

Louvois se releva et remit sa rapière dans son fourreau.

— Votre Majesté est bien résolue ? demanda-t-il.

— Absolument.

— Alors je ne dis plus rien. J’ai fait mon devoir.

Il sortit en baissant la tête d’un air attristé,