Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/160

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Vous parlez comme un sot, s’écria son père d’une voix furieuse. Je me propose d’épouser une dame vertueuse et charmante appartenant à une des plus vieilles familles de la noblesse de France, et vous parlez comme si j’avais le projet de faire quelque chose d’avilissant et d’inouï. Que lui reprochez-vous, à cette dame ?

— D’être la fille d’un homme dont les vices étaient connus de tous, d’avoir un frère aussi mal famé que possible, d’avoir elle-même mené une vie d’aventurière, d’être la veuve d’un méchant écrivain contrefait, et d’occuper au palais une situation de domesticité.

Plusieurs fois déjà cette franchise avait fait trépigner le roi. À ces dernières paroles sa colère éclata.

— Vous osez appeler domestique la gouvernante de mes enfants ! Moi, je dis qu’il n’y a pas de charge plus haute dans le royaume. Retournez sur-le-champ à Meudon, monsieur, et ne vous risquez plus à ouvrir la bouche sur ce sujet. Partez, vous dis-je. Quand Dieu aura fixé le jour où vous serez souverain de ce pays, vous pourrez prétendre au droit d’agir selon votre bon plaisir, mais jusque-là je vous défends de vous mettre en travers des projets de celui qui est à la fois votre père et votre roi.

Le jeune homme s’inclina, et se dirigea avec dignité vers la porte ; au moment de l’ouvrir il se retourna.